Vers des alliances entre grandes compagnies et low cost

Un article paru dans le Figaro vient confirmer l’hypothèse que j’avais émise ici : la crise du transport aérien, qui affaiblit beaucoup moins les low cost que les grandes compagnies, conduira à des alliances entre ces deux catégories d’acteurs. Pour avoir été longtemps méprisés et pris de haut, comme je l’ai par ailleurs raconté là, j’imagine que les responsables d’easyJet ont dû s’amuser énormément de la question posée par le journaliste du quotidien saumon : pourraient-ils un jour envisager une alliance avec Air France ? « Chacun est en train de se spécialiser sur son coeur de métier, le court courrier pour nous, le long courrier pour les grandes compagnies. Il ne serait pas étonnant qu’un jour de nouvelles alliances voient le jour », a répondu, sybillin, le responsable de la communication. Je vous fiche mon billet qu’il avait le sourire jusqu’aux oreilles en disant cela.

Un ours interdit de vol

Pffff, ces salariés, tous des idiots je vous dis. Et sans coeur avec ça. C’est en tout cas ce que la direction d’easyJet essaie de nous faire croire. Le 12 mai dernier, une hôtesse de la low cost anglaise a refusé à une maman et à sa petite fille d’embarquer au départ de Glasgow en emportant à bord un ours en peluche. Même pas énorme, l’ours, jugez par vous-même :

Mais « bebe » – c’est son nom – était dans un sac en plastique. L’hôtesse a donc considéré qu’il constituait un bagage supplémentaire et  devait être  mis en soute pour la modique somme de 9 livres. Ulcérée, la maman a préféré l’envoyer par la poste à Londres, ce qui lui revenait moins cher. Défense d’easyJet, que l’on peut lire sur le site du Daily Mail : la salariée a manqué de « bon sens ». Je me pose une question : de quel côté se trouve le bon sens ? De celui de la salariée, qui a suivi à la lettre les instructions qu’on lui a fait passer, ou de celui de l’entreprise, qui impose un règlement aberrant  ?

easyJet : 1 – Air France : 0

Malgré les mauvais augures, les avions au maillot orange continuent de marquer des points face à Air France

Le chiffre m’a fait sursauter : dans son « guide du low cost », Easyjet rappelle que 96% des lignes ouvertes en Europe entre 2005 et 2007 ont été le fait de compagnies à bas coûts. Et la proportion a dû rester la même l’an passé. 96% ! A ce niveau-là, ce n’est plus une victoire, c’est un plébiscite. En clair, les grandes compagnies historiques, Air France, Lufthansa et British Airways, ont abandonné leur territoire domestique à leurs ennemis honnis. Quelle revanche ! Je me souviens d’un article écrit dans Capital en 2004 où je racontais la bataille d’Air France et d’easyJet pour dominer l’Europe au départ de France. A l’époque, on m’avait prise pour une illuminée, sous prétexte que les boîtes ne jouaient pas dans la même division. Et que n’ai-je entendu du côté de notre compagnie nationale ! Un cadre m’avait expliqué pendant une heure que le modèle low cost n’avait pas d’avenir car le moindre affaiblissement de la croissance augmenterait la part des coûts fixes et entraînerait l’effondrement des compagnies peu chères comme un château de cartes. Aujourd’hui, le trafic aérien s’effondre. Et que voit-on ? Air France bat de l’aile pour la première fois depuis dix ans. Son nouveau patron, Pierre-Henri Gourgeon, a déjà prévenu qu’il essuierait des pertes pour l’exercice terminé fin mars. En face, easyJet pense traverser les turbulences sans trop de dommages. La compagnie anglaise a prévu de dégager des bénéfices cette année. Pourra-t-elle tenir ses ambitieuses  prévisions? On en saura un peu plus cette semaine avec la publication de ses résultats semestriels.